Arrêt maladie pour burn-out : quelles sont les démarches à effectuer ?

Rédigé le 01/10/2024


Publié le par Sophie Helouard

En collaboration avec Dr Luc Goupil (Médecin-conseil à l’Assurance Maladie - Risques professionnels.)

Syndrome d’épuisement professionnel, le burn-out se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental. Quand consulter ? Comment obtenir un arrêt de travail ? Quelles sont les démarches à effectuer ? Le point avec le Dr Luc Goupil, médecin-conseil à l’Assurance Maladie - Risques professionnels.

Selon l’Institut de veille sanitaire, près de 480 000 salariés français seraient en souffrance psychique au travail, dont 7 % en burn-out, soit 30 000 personnes.

Qu’est-ce que le burn-out ?

Dans son ouvrage Le monde du travail est devenu fou, la Dre Marielle Dumortier, médecin du travail, évoque l’exemple de Louise, VRP dans une société de vente de cosmétiques capillaires. « Les longues journées de travail se suivent. Le soir, après avoir réalisé les tâches ménagères qu’elle dit bien partager avec son mari, elle doit gérer son travail administratif, elle se couche tard. Louise est fatiguée, la journée où elle ne travaille pas, elle raconte faire le taxi pour conduire les enfants d’une activité à une autre. {..} Un matin, elle doit se rendre au siège pour une réunion. Arrivée sur le parking, Louise ne peut sortir de sa voiture : « C’était comme si j’étais collée au siège de mon auto, je me suis mise à pleurer, j’ai appelé mon mari qui est venu me chercher. » Son médecin traitant l’arrête quelques jours, elle dit avoir passé ses journées au lit, incapable de se lever, puis Louise reprend ses activités. Elle tient trois mois, puis doit s’arrêter de nouveau. »

Le burn-out est « un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes », décrivent Wilmar Schaufeli, psychologue-chercheur du travail et Esther Greenglass, professeur de psychologie.

Un terme trop souvent galvaudé

« Aujourd’hui, le terme est trop souvent galvaudé, affirme le Dr Luc Goupil, médecin-conseil. Dès qu’on ressent une fatigue passagère et que le médecin nous arrête pour une quinzaine de jours, on a tendance à dire qu’on a fait un burn-out. Or, le burn-out est une symptomatologie grave et variée nécessitant une prise en charge longue et complexe. »

Fatigue, stress, surmenage : quels sont les symptômes d’un burn-out ?

Le burn-out est un syndrome qui se traduit par des manifestations plus ou moins importantes d’installation progressive et insidieuse :

  • anxiété, irritabilité, tristesse ou manque d’entrain, troubles de la mémoire ou de l’attention, difficultés de concentration ;
  • repli sur soi, isolement social, diminution de l’empathie, comportements addictifs (consommation excessive d’alcool ou de tabac), signes de dépersonnalisation. « Par exemple une personne chaleureuse et généreuse va devenir cynique, froide », explique le médecin-conseil ;
  • fatigue (asthénie), troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques (mal de dos du type lombalgie ou cervicalgie), troubles gastro-intestinaux (maux de ventre, maux d’estomac…)

Nous sommes tous sujets au stress, c’est physiologiquel. En revanche, cela devient préoccupant lorsque l’on ressent une anxiété chronique qui peut déboucher ensuite sur un épuisement professionnel, voire au stade ultime, sur un burn-out. Dr Luc Goupil, médecin-conseil.

Quels sont les facteurs de risque ?

Aujourd’hui, les facteurs de risque psycho-sociaux qui peuvent conduire à un burn-out sont clairement identifiés :

  • surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes ;
  • exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort. Par exemple chez les soignants ou les travailleurs sociaux ;
  • manque d’autonomie et de marge de manœuvre dans son travail ;
  • rapports sociaux dégradés dans l’entreprise, management délétère, conflits interpersonnels ;
  • conflits de valeurs ;
  • insécurité de l’emploi : peur de la perte de salaire, peur de la perte de son travail.

Quelles sont les personnes les plus exposées au burn-out ? Existent-ils des profils à risque ?

Les personnes les plus exposées au burn-out sont souvent perfectionnistes et attachées à la qualité de leur travail. « Les salariés à risque de burn-out sont des salariés très engagés dans leur travail et qui sont confrontés à un contexte organisationnel dégradé, confirme la Dre Marielle Dumortier dans son ouvrage. Ils sont enclins à toujours se dépasser sans tenir compte des signaux de souffrance que leur corps leur envoie. » Et le Dr Luc Goupil d’ajouter : « Ces personnalités peuvent être de bons soldats, travailler pendant des années, subir, tenir le coup et soudain décompenser cliniquement et faire un burn-out. »

Burn-out : quand et qui consulter ?

Le burn-out est un ensemble syndromique qui nécessite une démarche diagnostique afin de caractériser sa sévérité. En cas de symptômes impactant sa vie professionnelle et personnelle, il est conseillé de consulter son médecin traitant, le médecin du travail ou un psychiatre.

Médecin, psychiatre : comment obtenir un arrêt de travail ? Un psychologue peut-il faire un arrêt ?

Seuls les médecins (généralistes, psychiatres, médecins du travail) sont habilités à délivrer un arrêt de travail. Le psychologue, de son côté, va plutôt référer le patient à un médecin généraliste. « La prise en charge du burn-out doit être pluridisciplinaire avec le médecin traitant qui coordonne les soins et la prise en charge, oriente si nécessaire le patient vers le médecin du travail, vers un psychiatre ou un psychothérapeute, explique le Dr Goupil. Le médecin-conseil de l’Assurance maladie justifie la prolongation d’arrêt de travail et instruit les demandes de reconnaissance en maladie professionnelle. Parfois, lorsque le patient est en risque de désinsertion professionnelle, un travailleur social peut également apporter sa pierre à l’édifice. »

Quelle est la durée moyenne d’un arrêt de travail pour burn-out ?

La durée d’un arrêt de travail pour burn-out dépend de la sévérité de la situation, de l’état de santé du patient et des recommandations du médecin traitant. « La prise en charge est complexe, affirme le Dr Luc Goupil. C’est vraiment un travail d’équipe avec au centre le patient. Cette prise en charge nécessite un accompagnement et des soins qui vont durer plusieurs semaines voire plusieurs mois. Dans les troubles graves, le patient peut, par exemple, bénéficier de deux consultations mensuelles avec un psychiatre. »

Et d’ajouter : « A contrario, le danger est aussi l’enkystement en situation d’arrêt de travail. C’est pourquoi il faut un bon dosage afin que la personne retourne progressivement vers l’activité professionnelle via l’aménagement de son poste voire la mise en place d’un temps partiel thérapeutique. » Une meilleure gestion du stress, par exemple avec l’aide d’un sophrologue, et le respect de l’équilibre entre travail et vie personnelle font également partie des solutions…

Chez les patients qui ont déjà fait un burn-out, le risque de récidive est de 28 %. D’où l’importance d’être bien accompagné lors de la reprise du travail…

Quelles sont les démarches à effectuer ?

Lorsque votre médecin traitant vous prescrit un arrêt maladie pour burn-out, il faut en informer votre employeur dans les 48 heures« Vous devez justifier cette information en adressant à votre employeur le feuillet n°3 du certificat médical établi par votre médecin traitant précisant les dates et motifs de l’arrêt de travail et envoyer les feuillets n°1 et n°2 à votre organisme de Sécurité sociale », rappellent les services de l’État.

Comment est-on payé quand on est en arrêt pour burn-out ? Quels sont les indemnités journalières et l’impact sur le salaire ?

Lorsque vous êtes en arrêt de travail, vous percevez :

  • des indemnités journalières de l’Assurance maladie. « Elles sont composées d’un montant qui représente 50 % de votre salaire de base journalier (jusqu’à à 66,66 % dans certaines situations), précise la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM). Ce montant est limité par un plafond défini chaque année en fonction du Smic. »
  • ainsi qu’un éventuel complément de salaire tel que prévu par votre convention collective et selon la situation du salarié. Ce montant s’ajoute aux indemnités journalières pour atteindre au maximum 100 % du salaire initial.

Burn-out : faut-il démissionner ou négocier une rupture conventionnelle ?

Vous ne souhaitez pas reprendre votre activité professionnelle après votre burn-out ? Vous avez la possibilité de démissionner ou de demander une rupture conventionnelle. Mais attention, une démission liée au burn-out ne permet pas de percevoir d’allocations chômage ou d’indemnités de licenciement. Mieux vaut, dans la mesure du possible, essayer de négocier une rupture conventionnelle avec votre employeur…

Pour aller plus loin

Burn-out au travail : comment obtenir un arrêt maladie ? | Santé Magazine (santemagazine.fr)

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